Qu’est ce que la carcinose péritonéale ?

Le péritoine est la membrane tapissant les parois de l’abdomen et l’ensemble des organes de la cavité́ abdominale.
La carcinose péritonéale est le développement d’un cancer dans cette membrane.

Elle peut être : 

  • primitive : rare, le péritoine est à l’origine de la maladie (mésothéliomes, carcinomes séreux primitifs, tumeurs desmoplastiques.)
  • secondaire : plus fréquente, le péritoine est victime d’un cancer primitif, le plus souvent digestif (colon, rectum, appendice, estomac.) ou gynécologique, étant l’équivalent de métastases péritonéales.

Quel est le but de l’intervention chirurgicale ?

Dans un but curatif, la chirurgie dite de cyto-réduction tumorale complète couplée ou non à la CHIP (chimiothérapie intrapéritonéale hyperthermique) a pour objectif de retirer toute la maladie carcinomateuse visible pendant l’intervention. La CHIP est réalisée immédiatement après le temps chirurgical afin d’agir sur la maladie carcinomateuse microscopique, non visible par le chirurgien (nodule inferieur à 2 mm), avec une hyperthermie poussée à 43 degrés dans l’abdomen.

Quels sont les différents temps opératoires ?

  • Mise en place d’une sonde gastrique et d’une sonde urinaire systématiques.
  • Intervention par laparotomie (soit à ventre ouvert) dite xipho-pubienne.
  • Premier temps opératoire : exploration des 13 quadrants de la cavité abdominale par le chirurgien pour établir le score PCI (index de carcinose péritonéale) ou score de Sugarbaker, permettant d’estimer l’importance de l’étendue de la maladie. 
  • En fonction de celui-ci, le chirurgien décide si l’intervention chirurgicale peut être réalisée. 

Le but sera de retirer tous les nodules visibles. Il sera parfois nécessaire d’effectuer des résections digestives (estomac, colon, intestin), avec toujours un souci d’épargne viscérale maximale pour limiter le risque de séquelle fonctionnelle secondaire. En cas d’anastomose (suture entre deux segments digestifs), une stomie (un anus artificiel) temporaire de protection peut être mise en place pendant plusieurs semaines. 

  • Arrive secondairement la CHIP : 

Le type et la durée de la chimiothérapie sont fonction de la maladie péritonéale.

  • En fin d’intervention, des drains sont mis en place (permettant d’évacuer et de surveiller les sécrétions résiduelles post chirurgicales) et l’abdomen est fermé. 

Quelles sont les suites post-opératoires ?

C’est une chirurgie longue nécessitant plusieurs heures d’intervention. Dans la majeure partie des cas, vous serez réveillé le soir de l’intervention dans un service de soins intensifs ou de réanimation chirurgicale, pour être secondairement transféré dans un service de chirurgie conventionnelle pour une durée d’hospitalisation totale variant de 10 à 15 jours minimum.

Quels sont les risques principaux ?

Aucune intervention n’est dénuée de risques même si ils sont assez rares et bien maitrisés mais doivent être expliqués avant de vous décider pour l’intervention. 

Les risques post opératoires

  • Hémorragies :  ré intervention chirurgicale et/ou une transfusion parfois nécessaire, risque augmenté en fonction de la chimiothérapie utilisée.
  • Fistules anastomotiques : principalement entre le 4 et le 7ème jour post opératoire. La non cicatrisation de la suture intestinale expose à un risque d’abcès et de péritonite ; nécessitée secondaire de la mise en place d’un drainage évacuateur radiologique, une reprise chirurgicale et/ou la confection d’une stomie temporaire ; fréquence moyenne : 4 à 11%.
  • Infections :  souvent traitées par antibiotiques et des soins de pansements.
  • Occlusion intestinale : possible après toutes interventions chirurgicales abdominales, nécessitant parfois la pose d’une sonde naso gastrique transitoire ou une reprise chirurgicale si un blocage mécanique de l’intestin est en cause.
  • Risques de la CHIP : occlusion fonctionnelle, insuffisance rénale transitoire (cisplatine), hémorragie retardée (oxaliplatine).

Les risques généraux :

  • Thromboses veineuses / phlébite ou une embolie pulmonaire ; prévention systématique par un traitement anticoagulant et l’utilisation de bas de contention. 

Conséquences à moyen terme :

Fatigue importante disparaissant progressivement au bout de quelques mois et de manière plus fréquente des troubles du transit intestinal (nausées, diarrhées, douleurs abdominales).